There Will Be Blood
There Will Be Blood

There Will be blood

Dans un paysage désert et minéral,le silence est seulement troublé par les bruits de pelle et de pioche que font un homme, perdu dans cette immensité poussiéreuse, semblant taillé dans la même pierre que les montagnes qui l’entourent. Il travaille dur, indifférent à la fatigue et à la souffrance, d’abord seul puis accompagné d’autres hommes qui partagent ces éprouvantes conditions menant parfois à la mort.

Pourquoi ?

Trouver du pétrole, cet or noir et construire le puits qui permettra de l’exploiter. Au milieu de ces forçats, un petit enfant, un bébé blond, le fils d’un de ces hommes silencieux, le seul qui avec son regard innocent parviendra à attendrir quelques instants Daniel Plainview, corseté dans sa cuirasse d’insensibilité.

There Will Be Blood – Film

Quelques années plus tard, le même Plainview, accompagné de cet enfant qui a maintenant onze ou douze ans et qu’il présente comme son fils, visiblement enrichi par l’exploitation de son pétrole, prospecte à la recherche de nouveaux gisements. Il prend un plaisir visible à convaincre les propriétaires de ces pauvres terres où rien ne pousse, de le laisser extraire pour eux ce trésor souterrain, cette richesse qu’ils foulent de leurs pieds sans le savoir, leur laissant les miettes quand il en récoltera tous les fruits. Ce n’est pas difficile, ils n’ont rien, leur dur et ingrat travail ne leur apporte même pas leur pain quotidien.

Comment ne pas se laisser berner par ce profiteur rusé et ses belles paroles qui promettent travail pour tous, routes, écoles, profits. C’est le capitalisme qu’il apporte avec lui, cet homme parti de rien qui s’est fait tout seul par son travail et son ambition forcenée, sachant opportunément faire taire les scrupules qui pourraient le détourner de sa voie. Et puis la présence de cet angelot attendrissant à ses côtés, qui fait de lui un père attentif, inspire confiance et lui donne la préférence, au détriment des autres rapaces de son espèce que l’odeur du pétrole attire.

Daniel Plainview hait les hommes, tous les hommes, ils ne lui inspirent que mépris et dégoût. Son but, se bâtir un empire invincible, une forteresse financière dans laquelle il se retranchera pour fuir le monde.

Un seul ose se dresser en travers de sa route, un jeune garçon hâve et famélique, Eli un peu illuminé, dont la foi semble, dans un premier temps, sincère. Ce pourrait être le combat de la vertu contre le vice, si les deux ne baignaient dans le même bain d’hypocrisie, sachant manipuler les esprits par leurs discours prometteurs de bonheurs futurs. Ce prédicateur évangéliste a trouvé son or noir dans les esprits de ces pauvres hères, si avides de trouver un sens à leurs vies misérables et il les endoctrine avec sa religion-superstition à grands coups de sermons et de spectaculaires exorcismes.

Daniel et Eli ont le même dessein, asseoir leur puissance personnelle en dominant les autres. Même si les chemins qu’ils utilisent sont différents, ils les conduisent tous deux à la puissance et la gloire, que ce soit celles de Dieu ou celles de l’Argent. Entre eux, c’est un combat à la vie à la mort, une lutte de pouvoir sans merci, ne reculant l’un et l’autre devant aucune humiliation, aucune cruauté, ils puisent leur énergie dans la même violence, le même désir d’être le maître. Etrangement, Daniel qui ne travaille que pour s’enrichir, ne semble pas attirer par le confort matériel, il vit modestement dans une cabane près de son chantier. Eli, par contre, ce faux prophète qui prêche le renoncement semble plus sensible au confort que l’argent procure.

A eux deux, ils installent sur cette terre désolée, dans cette nature hostile, les fondements de l’Amérique que sont l’argent et la religion.

Par deux fois, Plainview laissera sa carapace se fissurer. Près de son fils, ce petit garçon intelligent à qui il aime transmettre son savoir, mais il le sacrifiera à son empire lors d’une terrible explosion où l’enfant perdra l’audition pour toujours. Près de son frère, ce frère surgit de nulle part, à l’itinéraire semblable au sien mais en plus malchanceux, il s’abandonnera un temps à la confiance, allant jusqu’à une ébauche de confidence et de complicité. Trahi, sa vengeance sera sans appel.

C’est dans un luxueux palais qu’il finira sa vie, seul, désoeuvré, alcoolique, retranché dans sa citadelle où il ne trouvera pas le refuge espéré, cet handicapé privé de la capacité d’aimer, cloitré dans sa fureur et qui aura tant fait de mal autour de lui. Un ultime duel le sortira de sa torpeur haineuse, un duel avec Eli, le seul adversaire à sa mesure et le sang coulera.

fram

One comment

  1. la réalisation, la photo, la musique. Ce film est vraiment un tout. En y repensant, les seuls personnages qui ont une personnalité marquée sont Plainview et Eli et ce sont presque des monstres. En tout cas, ils sont inhumains. C’est vraiment un film marquant.

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