Politique : comment accentuer les creux

Il y a quelque chose de désespérant de voir à quel point le panneau est gros, mais combien tout le système réussit à se cogner dedans. Soit un président qui n’arrive pas à reprendre pied. Soit un candidat, en face, qui stoppe son érosion, en lançant enfin sa campagne. Que faire ? Comment réagir ?

Nicolas Sarkozy

Purger. Accentuer le sentiment de creux, et profiter de cette séquence pour fabriquer de la distance, du raisonnable, remettre du sens, plutôt que de travailler au combat. Et donc, partir loin, et glisser gentiment, au détour d’un verre qui se prolonge avec des journalistes, qu’on songe déjà à l’après. La ficelle est grosse, mais pourtant, elle marche. Unes de tous les journaux : comment ne pourrait-on traiter, même en la commentant, cette séquence ? Comment se différencier ? Certes pas en n’en parlant pas, mais au contraire en en rajoutant, pour essayer de se différencier sur le sujet.

Nicolas Sarkozy, le changement c’était hier ?

En écrivant un article sur les futurs possibles de Nicolas Sarkozy, en rappelant les destines des présidents qui ont arrêté, en interrogeant des psychologues sur la notion de doute, etc, etc, ad nauseam. Cinq jours plus tard, les traces sont encore visibles, la ligne claire et simple, la capitalisation dans le discours médiatique est bien là.

Nicolas Sarkozy serait donc désormais crédité d’une capacité à prendre du recul, penser à autre chose, ne serait pas accroché à la fonction.

Je prédis donc un retour en force dans un peu moins de deux mois (avant le 16 mars), après une prise de recul exceptionnelle, d’un Nicolas Sarkozy changé. La une du Point : « et s’il avait vraiment changé ? », assortie d’une photo d’un président l’air grave, seul devant un carmel, ou à Colombey.

On voit à quel point l’effet d’écosystème et de résonance mutuelle des media et de la politique peut être risible : tout ceci ne correspond plus à la moindre réalité, et, dans ce concert, la voix et la colère de ceux qui n’en peuvent mais est difficilement audible. C’est dans ces moments-là que le petit monde se referme et donne un signal fort : on s’en fout de toi, public, on est concentré sur un truc qu’on te donne en pur spectacle. Ca produit surtout, de ce que je lis de l’expression spontanée des Français, en ligne, sur le sujet, du rejet, de la lecture nette, de la lucidité. Ce système tourne à vide. Bonne nouvelle : il semble avoir de moins en moins de prise sur l’opinion effective de chacun.

Et pour cause : quand un individu moyen reçoit un article absurde d’un media qui lui parle de Sarkozy-recul-retrait-sagesse, il lit 150 messages énervés de ses pairs, qui partagent leur détresse et leur colère à son égard, au café et sur Facebook. Comment pourrait-il être sensible à cette musique là ?

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fram

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