Quelques heures seulement après la mort de Vesper Lynd, James Bond découvre les ramifications insoupçonnées de Quantum, l’organisation secrète qui avait poussé Vesper à le trahir. Ses pistes le mènent rapidement sur les traces de Dominic Greene, un homme d’affaires prêt à financer un putsch militaire en Bolivie pour s’emparer des ressources naturelles du pays.
Histoire de Quantum Of Solace et critique
Dans la continuité de l’impeccable « Casino Royale« , on croyait la saga James Bond épargnée pour un bout de temps des seuls intérêts mercantiles. Hélas, mille fois hélas, c’était oublier que les enjeux financiers avaient toujours le dernier mot. En l’occurrence, efficacité et rentabilité immédiate. C’est donc, avec « Quantum of Solace« , le grand retour de l’action pure au détriment de la psychologie subtile et ce, sans même une once d’humour pour relativiser le tout.
Pour mettre en sauce cette nouvelle aventure, il fallait un filmmaker prêt à sacrifier toute trace de dignité sur l’autel de la logique court-termiste des studios. Quelqu’un de malléable à souhait, de préférence étranger, ne rechignant pas à mettre en scène n’importe quoi pour peu qu’il y ait de l’action et surtout des dollars en quantité suffisante à la clé. Le néo-zélandais Lee Tamahori (« xXx 2 », « Meurs un autre jour ») étant désormais arrivé à péremption, les héritiers d’Alfred Broccoli – le producteur des seize premiers James Bond – se sont donc tournés vers Marc Forster, tâcheron hollywoodien d’origine allemande et véritable touche-à-tout (« L’Incroyable destin de Harold Crick », « A l’ombre de la haine » et « Les Cerfs-volants de Kaboul »).
Ainsi adoubé, Forster veut faire croire d’entrée de jeu qu’il est du calibre de Tony Scott: durant les dix premières minutes, la caméra est virevoltante et le montage peaufiné à coup de truelle. L’action en devient tout bonnement illisible. Forcément moins inspiré sur la durée, Forster tente même par la suite un acte désespéré et s’essaye au lyrisme flamboyant en mêlant musique classique et action. C’est parfaitement pathétique et archi-démodé. Dès lors, il ne faut plus que quelques errements pour comprendre que « Quantum of Solace » ne s’élèvera jamais vraiment, hormis lors des trois ou quatre scènes d’action nécessaires.
Certes, à la décharge de Forster, Martin Campbell – réalisateur du précédent opus de Bond – n’avait guère plus de gallons. Mais lui au moins avait-il réussi à tirer la quintessence des outils à disposition en rendant Bond plus sombre que jamais et en se plongeant corps et âme dans la tortuosité du scénario. L’âme, c’est d’ailleurs certainement ce qui manque le plus à « Quantum of Solace ». Ici, tout reste en effet parfaitement surfait. L’immersion dans les décors situés aux quatre coins du monde n’est que de surface: à Sienne, tout juste a-t’on a droit à quelques plan du fameux Palio. A Port-au-Prince, une virée nautique dans le port et une simple phrase en créole suffisent avant de devoir délocaliser à nouveau l’action.
C’est sans doute aussi le fait que le scénario lui-même, pourtant orchestré par Paul Haggis dans la continuité de « Casino Royale », semble trop linéaire pour offrir une quelconque échappatoire au film. Les enjeux y sont trop lisibles, les ramifications trop peu élaborées et les fausses pistes inexistantes. Ainsi, pas un seul instant Bond ne semble réellement menacé ou même hanté par de vieux démons. La trahison de Vesper, pourtant ressassée à chaque dialogue, n’apparaît que comme un lointain prétexte à sa quête.
Débarrassé de toute subtilité, 007 redevient un simple Action Man réduisant tout autre personnage que lui à de la simple figuration (on pense à Mathieu Amalric, ennemi trop suave pour avoir une quelconque envergure et à Olga Kurylenko, laquée comme un canard asiatique et qui ne saurait faire oublier Eva Green une seule seconde). Heureusement que Daniel Craig n’a d’égal pour habiter l’image. Par sa seule incarnation du personnage de Bond, il parvient à sauver le film du naufrage total.
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