Mark Ryden, peintre américain, est le chef de file du mouvement des nouveaux surréalistes. Il puise son inspiration dans ses souvenirs d’enfance et crée des paysages enchantés peuplés de monstres, comiques ou terrifiants.
Etranges peintures de Mark Ryden
Il utilise de nombreuses techniques picturales (gouache, huile, pistolet) et s’inspire de l’histoire de la peinture et de l’univers BD.
Il a été sollicité pour des projets d’envergure comme la couverture de ” Desperation ” de Stephen King, la pochette du LP ” Dangerous ” de Michael Jackson ou de ” One Hot Minute ” des Red Hot Chili Pepper’s.
Texte de Cécile Martinière
Peintures sur les enfants, Dieu, et le bœuf américain de premier choix !” La page d’accueil du site internet de Mark Ryden n’a rien d’académique, et pour cause. Elle résume en quelques mots l’univers déjanté du peintre américain, mélange improbable entre le livre pour enfants, l’étal de boucher et l’iconographie religieuse. Le gore, le trash, les hallus, on connaissait. Mais les contes pour enfants, eux, restaient encore bien sagement dans la bibliothèque rose. Jusqu’à ce qu’un artiste-enfant ressuscite Alice au Pays des Merveilles…version musclée.
Bad trip
Alliant thèmes de la culture pop avec et des techniques qui rappellent les vieux maîtres, Mark Ryden a créé un style singulier qui brouille les frontières traditionnelles entre l’art haut et bas. Son premier travail a retenu l’attention dans les années 1990 quand il a inauguré un nouveau genre de peinture, « Pop Surréalisme », entraînant une foule de partisans dans son sillage. Ryden a emporté sur les stratégies surréalistes initiales en choisissant un objet chargé de connotation culturelle.
Cinq siècles après les visions apocalyptiques du peintre hollandais Jérôme Bosch, Mark Ryden reprend le flambeau de main de maître. Entre la caricature et l’art naïf, ses toiles soufflantes plongent sans filet dans les abîmes de l’étrange et du fantastique. Un ” bad trip ” dans une quatrième dimension crée de toutes pièces. ” Le monde est plein de peurs et d’errances, explique-t-il, et c’est ce que je traduis dans mes peintures. ” En puisant sans vergogne dans le monde de l’enfance et dans l’inconscient, une manne inépuisable.
Boîte de Pandore
Observer une toile de Ryden, c’est ouvrir une boîte de Pandore remplie de figures et d’objets aussi réels que mythiques. Véritable magicien, le peintre extrait de son chapeau tout ce qui lui passe par la tête : enfants à la tête disproportionnée, tranche de steak, stars de Hollywood (Christina Ricci, Leonardo di Caprio) ou de la TV (Teletubbies), hommes politiques (Abraham Lincoln), symboles alchimiques, emblèmes religieuses, écriture russe ou latine, marionnettes, soucoupes volantes, têtes de citrouilles, et patati et patata.
Dilemme permanent
Un univers crypté, truffé de références à l’imagerie populaire et à l’histoire des civilisations. ” Mon travail est un dilemme permanent entre mon style de peinture très méthodique et un contenu inconscient complètement spontané “, avoue-t-il. Ryden travaille à partir d’une multitude de sources : figures classiques de la peinture, visages de magazines, coupures de presse, graphismes, vieilles photos…et dans son atelier de Sierra Madre ( Californie), on retrouve aussi bien des squelettes, des statues, des poupées, des saints, que des jouets.
Singe magique
Tout petit déjà, le petit Mark affiche un goût prononcé pour le bizarre. A l’école, il dessine des chiens toutes tripes dehors, ou encore un autoportrait avec trois yeux, et reste plongé des heures entières dans les toiles de Ingres, Dali ou Magritte quand d’autres en sont encore à déchiffrer leurs premiers ” Oui Oui “. Aujourd’hui, l’ancien illustrateur semble presque assagi. A la question : ” Vous peignez ? “, il répond que ce n’est pas lui qui tient les pinceaux, mais un singe magique qui vient le voir tard dans la nuit…
Composer sa cacophonie
Nouveau surréalisme ? Pas vraiment. Si les surréalistes étaient farouchement ” anti-art “, Ryden, lui, balaie toute l’histoire de l’art dans ses histoires à dormir debout : des formalistes aux naturalistes des 40’s jusqu’au psychédélisme des 60’s. Pour composer sa cacophonie, il mêle les techniques les plus classiques aux méthodes digitales. Pas étonnant que le peintre soit régulièrement sollicité pour d’autres projets d’envergure : la couverture de ” Desperation “de Stephen King, la pochette du LP ” Dangerous ” de Michael Jackson ou de ” One Hot Minute ” des Red Hot Chili Pepper’s…
Aucune inhibition
Ryden a réussi une véritable prouesse : s’introduire dans la tête d’un enfant et décrire ce qu’il y ressent. Un monde perdu sans logique ni hiérarchie, où les idées et les objets sont traités à pied d’égalité. ” Les enfants n’ont aucune inhibition lorsqu’ils créent, ils sont libres. ” Une désinvolture qui explique sûrement l’accessibilité de son œuvre. Dans un cadre conventionnel et balisé, il a greffé l’incontrôlable. Une œuvre d’utilité publique…
Le vocabulaire de Ryden va de cryptique à mignon, entre cliché nostalgique et archétype inquiétante. Séduit par ses surfaces infiniment détaillées, le spectateur est confronté à la juxtaposition de l’innocence de l’enfance et les recoins mystérieux de l’âme. Une inquiétude subtile habite ses tableaux; le travail est douloureusement beau lorsqu’il fait allusion à des choses psychiques plus sombre sous la surface du kitsch culturel. Dans le monde de Ryden les filles et chérubins côtoient des figures étranges et mystérieuses.
Bon je dois avouer que dans la peinture ou la photo lorsque des personnages enfantins ou des enfants reels sont mis en scène c’est toujours très dérangeant. On se demande toujours de quel coté l’artiste penche et quel est le message. Un peu comme avec Sally mann la photographe