Intelligence stratégique selon Jacques Hogard

Le 23 mars avait lieu à l’Ecole militaire une intervention sur l’Intelligence stratégique animée par le Comité défense économique de l’ANAJ-IHEDN[1]. M. Jacques Hogard[2] fut invité pour présenter la posture de son cabinet (EPEE) sur le thème de L’intelligence stratégique au service du développement international. Cet homme de terrain aura tenté pendant 45 minutes et presque ½ heure de questions/réponses avec l’assemblée d’insuffler son pragmatisme et d’exposer sa vision sur la place de l’Intelligence Stratégique dans les contrats internationaux.

intelligence strategique

Intelligence stratégique et influence

Pourquoi Intelligence stratégique ? Sans entrer dans des détails sémantiques, J. Hogard ne souhaite pas parler d’IE. Peu valorisant, le concept ne s’attache, selon lui, qu’à la veille et au renseignement économique. Il met moins en avant le concept d’influence. Malgré les efforts de pédagogie, il est vrai que l’IE reste cernée d’une aura sombre mais le fait que l’influence ne soit pas mise en exergue se discute. Elle reste tout de même l’un des trois piliers de l’IE. Pour M. Hogard, l’Intelligence stratégique ne revient donc pas à faire du renseignement économique. Celui-ci, ajoute t’il, est difficile voire contre-productif. L’intérêt réside plus dans le recueil et le ciblage d’informations en vue de transformer le savoir acquis en action, et plus particulièrement en actions d’influence.

Certains contrats, dans des pays non connus par l’entreprise, peuvent être bloqués, comporter des risques, un mauvais développement sur un territoire pouvant conduire à la mort de l’entreprise. Et pourtant J. Hogard déclare qu’il ne faut pas se priver d’aller à l’international, surtout en ces temps de guerre économique où chaque part de marché grignotée est une victoire. Basée sur son observation des récentes actions civilo-militaires en sortie de crise, Jacques Hogard considère que les marchés internationaux sont des opportunités de croissance et doivent être abordés avec une maîtrise informationnelle qui permet de réduire les risques.

Les outils d’une bonne maîtrise des affaires à l’international, nous expose J. Hogard, sont élaborés sur la base de plusieurs points. Une bonne capacité d’analyse du territoire est d’abord primordiale afin de se doter d’une étude fine et recoupé par des experts. Le deuxième facteur de sécurité informationnelle réside dans la question suivante :

Où est-ce que je mets les pieds ?

Pour y répondre il est nécessaire d’avoir un renseignement à la fois humain et (très) haut de gamme. Enfin, troisième et dernier point, l’action, il faut une capacité d’agir à l’international sur les réseaux du marché cible. Ici, le facteur politique est crucial et permet de débloquer beaucoup de situations

Petite précision mais néanmoins importante, la capacité à agir localement sur des réseaux ne signifie pas “commissions occultes”, mais utiliser des réseaux créés sur la base d’histoires partagés, sur des valeurs communes : ceux de la Légion étrangère dans le cas de M. Hogard ou encore ceux de la francophonie ou de la francophilie (d’où l’intérêt d’avoir un enseignement supérieur de qualité pour former les élites étrangère de demain). Les réseaux tels que nous les as présentés M. Hogard permettent d’accéder aux marchés locaux, de sécuriser les investissements et de régler les litiges.

Ici, l’Intelligence stratégique est appliquée à travers une utilisation transversale composée de lobbying, de droit et d’utilisation des médias. Enfin, une déontologie claire doit être respectée. Car l’utilisation de réseaux humain pour sécuriser un projet, mais surtout la détection et le ciblage de l’information peuvent être sous-traités à des personnes que l’on ne souhaite pas forcément avoir dans l’environnement contractuel.

Au final, la conférence nous laisse un peu sur notre faim. Comment fait-on si l’on ne connaît personne sur un territoire ? Toutes les entreprises n’ont pas la possibilité de rencontrer les instances dirigeantes d’un pays pour développer leurs business ou n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un cabinet comme celui de M. Hogard. Si les exemples donnés sont intéressants, ils concernent souvent de très grosses entreprises qui connaissent des difficultés. Quid des bonnes pratiques pour les PME ?

[1] Le comité défense à par ailleurs bien démarré l’année avec la sortie du premier numéro de sa newsletter et de son premier dossier sur les systèmes internationaux d’IE, avec le Japon.

[2] Président
CPA 00/PA
Ancien directeur des opérations GEOS SAS
Colonel (ER) de l’armée de terre, 26 ans d’expérience opérationnelle partagée entre légion étrangère et forces spéciales, notamment dans des pays en crise ou en guerre
Officier de la Légion d’Honneur

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fram

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