Les sculptures de l’artiste contemporain espagnol Jaume Plensa.
Il faut produire du silence
Sur le site de artpointfrance une interview de Jaume Plensa
H.-F. D. : A l’exemple de votre récente exposition à la galerie Lelong, vous travaillez très souvent avec des lettres.
J.P. : Cela vient de loin : dans ma famille on a toujours été plus entouré par les livres que par les images. En conséquence le texte est pour moi quelque chose de naturel. Les lettres, les mots sont donc devenus mon matériau. Il y a des artistes qui travaillent avec du bois, avec du fer, ce qui peut m’arriver également, mais j’aime avant tout travailler avec l’écrit, comme une matière qui fait partie de ma mémoire. J’y trouve par ailleurs un aspect presque organique : l’association des lettres comme les cellules du corps, peut former des mots donc des organismes plus complexes ; les mots entre eux peuvent former un texte qui avec d’autres peut écrire une culture. c’est un peu comme la pierre de la création : au départ, il y a la pierre, ensuite il y a la ville autour, puis c’est l’état, le pays, le continent, le monde, l’univers. Telles ds briques les lettres ont une potentialité de construction, elles nous permettent de construire une pensée …
H.-F. D. : Faut-il lire vos sculptures comme on lit une page ?
J. P. : Non, car elles ne sont jamais une page de livre justement, ni l’illustration d’un texte. Si j’utilise les lettres ce n’est pas avec la volonté de passer un message, c’est plutôt la revendication d’une matière comme une sorte de magma de la création.
C’est aussi l’envie de partager cette matière avec le spectateur, au même titre que lorsque je fais un catalogue sur mon travail. J’aime effectivement partager cette publication avec un écrivain, avec quelqu’un qui se retrouve là ponctuellement dans le même espace que moi. et qui ,au fond, parle de la même chose alors qu’on pense que chacun parle de choses différentes.
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